Bel hommage de Richard Jordan pour un grand, grand monsieur du doublage. RIP.

J'avais eu le plaisir de rencontrer Francis Lax, il y a.... Oh ! Vingt-quatre ans de cela. A l'auditorium de la rue Francoeur, sur un plateau où officiait également Patrick Préjean....
J'étais lycéen à l'époque, et trainais souvent là-bas.
Francis Lax était de ces comédien que je guettais, que j'avais hâte de voir travailler. Un de ceux dont je rêvais de serrer la main afin de lui dire simplement : "Je vous aime beaucoup !".
Il était assis devant moi, je me faisais discret... Il plaisantait avec tout le monde, certainement concentré à l'extrême, quoique vieux briscard dans le domaine. A la barre, quand le rouge était mis, il ne lui fallait pas plus de deux prises pour être satisfait et pour satisfaire.
De ma zone ombrée, je l'observais, ne perdais rien, ni de ses gestes, ni de ses regrads, ni de ses déclamations.

J'étais assis derrière lui. Dans le siège des visiteurs, à la place des apprentis.

Avant la première prise, pendant que l'ingénieur du son calait les bandes, tandis que le chef de plateau préparait sa séance, Francis Lax s'est retourné.
Simple, bonhomme, c'est d'abord lui qui m'a salué, lui mon ainé, lui l'une des légendes des plateaux.
Il m'a demandé mon nom, mon âge, était curieux d'où je venais, de pourquoi je trainais par là.
J'avais seize ans et du culot. J'avais seize ans, et je ne rêvais qu'au jour où moi aussi je serais à la barre... pas à sa place, mais peut-être à côté de lui....

Francis Lax, au même titre que Patrick Préjean, que Dominique Paturel, que Jean-Pierre Leroux, Denis Boileau, fut et demeure l'un de mles meilleurs souvenirs. L'une de mes plus belles rencontres.

A la mort de quelqu'un, en général, on ne trouve que des compliments à faire à la mémoire du disparu.

Il en est quelques uns pour lesquels je ne rédigerai jamais une phrase, pas un mot. Tant leur accueil fut froid, distant et méprisant.

Pour Francis Lax, bien que je ne sois personne, sinon un inconditionnel des comédiens de doublage, je prends le temps de rédiger ces nombreuses lignes, cette collection de mots, que ma mémoire vient me souffler à l'oreille.

Parce que Francis Lax a pris le temps de se retourner, de me parler, de s'intéresser à un gamin, en ignorant que ce gamin collectionnait depuis des années tous les articles sur le doublage, dont de très nombreux le concernant.

Toutefois, ce jour là, il y a quelque chose que je n'ai pas osé lui dire...: J'aimais beaucoup votre travail. Et j'aime autant, sinon plus, le souvenir que je garde de vous.

MERCI Monsieur pour ce jour-là.


Richard JORDAN